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Tournage collaboratif entre une classe d’adaptation et une 11CO

Jean-Baptiste Héritier et Gaëlle May, de JBH Pictures et Lueurs Productions, proposent aux CO valaisans des ateliers de réalisation de courts-métrages soutenus par Etincelles de culture et cette année scolaire cinq établissements y participent, dont le CO de Saint-Guérin à Sion. Térèse Arona, enseignante de français, a contacté Natacha Lerjen pour l’inviter à une collaboration entre une 11CO et sa classe d’adaptation. L’aventure humaine associée à ce tissage de liens a donné une saveur encore plus particulière à ce projet articulé autour du français et de la création audiovisuelle.

Chaque classe devait imaginer son histoire, dans le cadre d’un projet intitulé #Bonnes nouvelles. «Nous accompagnons les élèves dès la phase d’écriture», souligne Jean-Baptiste Héritier. Et Gaëlle May d’ajouter: «Le processus de coaching s’adapte au projet.» Pour l’écriture du scénario, les deux classes ont réuni leurs idées dans un premier temps, puis ont continué parfois séparément avec leur enseignante respective afin de peaufiner leur partie.

Sur le tournage, pour l’une des scènes, les élèves de la classe d’adaptation sont devant un écran de cinéma et doivent mimer la peur, tout en mangeant du pop-corn. Ce jour-là, des élèves de 10CO, aussi en cours avec Térèse Arona et impliqués dans un autre film, sont venus jouer les figurants pour remplir la salle.

Les élèves de la classe d’adaptation ont dépassé leur handicap et se sont entraînés avec efficacité. Natacha Lerjen et sa stagiaire Luna, transformée en script-girl pendant le tournage, relèvent les nombreux progrès des élèves-acteurs: Julie maîtrise mieux son articulation, son débit et son volume de parole et s’est intégrée au groupe avec les 11e; Maxime a appris son texte rapidement et a adoré la partie technique du tournage; Mohamad a utilisé l’enregistrement audio pour répéter son texte et voulait plus de dialogues à jouer; Océane a développé sa patience ainsi que sa persévérance et a été active lors des travaux de groupes avec les 11e; Alyssa a fait preuve de courage pour oser jouer son rôle et être filmée et a appris son texte avec réussite; Shambhavi, malheureusement absente lors du tournage, a participé activement à certains travaux de groupe et a donné quelques idées.

«On avait des rôles et il fallait apprendre le texte de notre personnage.»
Un élève de la classe d’adaptation

 

Interrogés en vue de cet article, les élèves de la classe d’adaptation ont d’abord raconté le projet: «Les deux profs nous ont demandé si on voulait faire le film», «on a travaillé en petits groupes avec les 11e pour écrire des scènes. «Et si…» est le fil rouge du court-métrage. La classe d’adaptation avait la charge d’une des quatre histoires du film et celle-ci portait sur le changement de programme à l’école. Ils ont appris leur texte, puis l’ont répété encore et encore, en exerçant aussi leur jeu scénique. A propos de la mémorisation, les élèves disent: «Ce n’était pas facile de tout retenir, mais j’y suis arrivé», «Natacha a écrit les dialogues au tableau, puis elle les a imprimés et on a travaillé à l’école et à la maison», «on avait des rôles et il fallait apprendre le texte de notre personnage», «pour nous entraîner, Natacha nous a filmés avec son téléphone et ensuite on a regardé ce qu’on faisait faux». Ce que les élèves ont préféré, c’est le tournage ayant eu lieu les 9, 10 et 14 mars derniers, appréciant autant d’être dans la peau des acteurs que des techniciens: «J’ai aimé rigoler avec Natacha et faire le clap pour dire 14», «Jean-Baptiste et Gaëlle étaient trop gentils», «il y avait le micro, la caméra reliée à un petit écran et c’était trop bien», «on était comme de vrais acteurs, donc c’était motivant d’apprendre le français autrement», «jouer, c’était rigolo». Comment ces élèves perçoivent-ils la collaboration avec les 11CO? «A des moments bien, à d’autres moins, car parfois ils n’écoutaient pas trop», résument les élèves.

Natacha Lerjen est ravie d’avoir été embarquée par sa collègue Térèse Arona dans ce projet qu’elle qualifie de «magnifique». Pour elle, cette collaboration interclasses est essentielle en vue d’une meilleure intégration de ses élèves dans le CO.

 

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La classe d’adaptation lors du tournage

Après le tournage, Jean-Baptiste Héritier et Gaëlle May géreront les étapes du montage, avant de faire valider le film par les deux classes. Si certains élèves de la classe d’adaptation se réjouissent de voir le résultat, d’autres sont anxieux à l’idée que toute l’école et leurs parents découvriront ce film qui sera projeté en juin prochain au CO. Moment d’émotion garanti.

 

INTERVIEW


Fanou et Gabriel, élèves de la 11CO, évoquent avec lucidité et de maturité l’évolution de leur relation avec leurs camarades de la classe d’adaptation grâce à cet atelier de réalisation de courts-métrages. Ils sont devenus des ambassadeurs hors pair de cette collaboration.

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Fanou et Gabriel

 

Quelle a été votre réaction lorsque votre enseignante vous a parlé de ce projet collaboratif?

Fanou: Au départ, je n’étais pas trop contente, mais au final c’était très positif.

Gabriel: Je pense qu’au début ils avaient un peu peur face à des 11CO et nous face à eux.

 

Comment expliquez-vous cette réticence réciproque?

Fanou: Je dois avouer que ce n’est qu’au milieu de ma deuxième année de CO que j’ai appris l’existence des classes d’adaptation dans l’un des bâtiments de l’école.

Gabriel: Avant ce projet, je les avais déjà croisés, mais je ne leur avais jamais parlé. Il y avait comme une méfiance d’un côté comme de l’autre.

«Notre rôle consistait à les intégrer.»
Gabriel, élève en 11CO

 

Comment s’est déroulée la collaboration avec les élèves de la classe d’adaptation lors de la phase d’écriture?

Fanou: On a essayé de mélanger les deux classes dans les groupes, car c’est notre film mais aussi le leur. Sans notre empathie, le projet était mort.

Gabriel: Ils nous donnaient les idées qu’ils avaient et on se mettait d’accord sur le scénario.

 

Le tournage a-t-il été facile?

Fanou: Le jour où l’on a tourné les scènes avec leur classe, tout le monde s’est donné à fond. Sur les visages, on voyait qu’ils étaient heureux et nous aussi.

Gabriel: On craignait de faire tout ce projet pour constater à la fin un tournage raté, alors que maintenant on se réjouit de découvrir le film. On les a aidés à progresser, tout comme Jean-Baptiste et Gaël l’ont fait avec nous.

«C’est notre film mais aussi le leur.»
Fanou, élève en 11CO

 

Quel bilan faites-vous de cette expérience?

Fanou: C’est un projet qu’on mène ensemble depuis le début de l’année scolaire, donc on a eu du temps pour créer des liens et apprendre à se connaître. Participer en commun à la réalisation d’un film, ce n’était pas gagné d’avance. Ce genre de projet permet à chacun de modifier son regard sur les autres et c’est important.

Gabriel: Cette collaboration m’a appris à avoir de la patience, car ils ont besoin de plus de temps pour se sentir en confiance. Avec ce projet, notre rôle consistait à les intégrer et je pense qu’à la fois pour eux et pour nous c’était une très bonne expérience. Comme notre enseignante et celle de la classe d’adaptation sont ouvertes d’esprit, aiment ce qu’elles font et s’impliquent dans leur travail, progressivement on a changé d’attitude envers ces jeunes. Même l’ambiance de notre classe s’en trouve améliorée.

 

Quel conseil donneriez-vous à des élèves pour participer à un projet avec une classe d’adaptation?

Fanou: Je les inciterais à ne pas avoir les mêmes hésitations que nous au départ. Nous aurions dû nous lancer dans le projet en étant directement positifs.

Gabriel: A mon avis, il faudrait commencer par parler régulièrement aux élèves dès la 9CO des classes d’adaptation si l’on veut éviter des attitudes comme les nôtres au début du projet.

 

Propos recueillis par Nadia Revaz

 


 Plus de photos de la réalisation du court-métrage en ligne


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