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Au Lycée-Collège de la Planta, c’est «Tous les jours Noël»

Le recteur du Lycée-Collège de la Planta Francis Rossier a souhaité prolonger l’Action de Noël et l’articuler autour d’une thématique annuelle. A Sion, au LCP, c’est donc «Tous les jours Noël». Pour l’édition 2022-2023, le focus a été mis sur les personnes porteuses d’un handicap, trop souvent invisibilisées dans notre société, avec des modules de sensibilisation différents selon les degrés. Zoomons sur deux moments qui invitaient à rencontrer l’autre dans le mouvement, au-delà des différences. Les étudiants de 4e année se sont initiés au Rafroball et trois collégiennes de 5e année ont participé à une performance de danse inclusive avec une partie de la compagnie La Troupe.

L’aumônier du LCP et Cinzia Maschietto, représentant le corps enseignant impliqué dans l’organisation de cette approche modulaire, ont tout de suite été enthousiastes à l’idée d’inscrire l’Action de Noël dans la durée. «Grâce à ce projet, les étudiants ont l’occasion de vivre de chouettes expériences et de s’enrichir en rencontrant des personnes en situation de handicap», relève la professeure au LCP. Et l’abbé David Roduit de compléter: «Dans un premier temps, tous les jeunes ont assisté à une présentation de Cerebral Valais et avant Noël, les étudiants ont soutenu cette Association par le biais de la traditionnelle vente de gâteaux, puis à partir de janvier chaque degré bénéficie d’un module spécifique afin de dialoguer et de faire des activités ensemble.»

Le Rafroball ou la balle de l’intégration

Logo Rafroball invert

Au LCP, le 31 mars dernier, en salle de gymnastique, c’était ambiance Rafroball, décrit comme un mélange de handball, de football et de basketball. Il y a plusieurs années, quatre jeunes ont inventé ce sport à Sierre, en mixant les premières lettres de leurs noms de famille, à savoir Rapillard (Thierry), Frossard (Lionel et Jonas) et Ballestraz (Prince).

 

Rafroball

Action et intégration

 

Ce jeu, avec une balle en mousse plastifiée dont on entend le rebond au sol, de façon à pouvoir inclure les malvoyants, et des règles sur mesure, permet aux valides d’être à armes égales sur le terrain avec les personnes en situation de handicap. Le 17 mars dernier, les étudiants ont été initiés aux règles du jeu, à s’entraîner pour diriger une chaise roulante ou à savoir en piloter une. Le jour des matchs, l’enthousiasme collectif est palpable et Marianne Dubosson, professeure d’éducation physique au LCP, s’investit au moins autant que les élèves. Marie, l’une des collégiennes, a apprécié ce moment convivial et sportif: «Je ne connaissais pas le Rafroball avant la séance d’information, et je suis contente d’avoir pu expérimenter ce sport nous immergeant dans la réalité de l’univers du handicap à travers un jeu.» Et elle fait le constat suivant: «J’avais totalement sous-estimé le caractère compétitif des personnes en situation de handicap.» Jérémy, virevoltant sur le terrain avec sa chaise roulante, parle avec fougue de son expérience de joueur: «C’est un sport qui m’a tout de suite plu, parce que c’est celui qui pour moi se rapprochait le plus du foot, et en jouant à Sierre il y a une pression supplémentaire, car c’est le club où tout a commencé.» Lionel Frossard, l’un des cofondateurs du Rafroball, raconte son origine: «Ce sport a été imaginé au départ pour pouvoir intégrer nos copains valides dans nos activités sportives et au fil des ans les règles ont évolué.» Rayonnant à partir de la Cité du soleil, le Rafroball s’est exporté dans toute la Suisse romande, avec désormais aussi quelques clubs en Suisse alémanique, franchissant ainsi les barrières du handicap et des langues. Pour Bruno Perroud, directeur de Cerebral Valais, «ce jeu, 100% d’origine valaisanne, favorise le vivre ensemble, si essentiel à notre société.»

«Je suis contente d’avoir pu expérimenter ce sport nous immergeant dans la réalité de l’univers du handicap à travers un jeu.»
Marie, étudiante en 4e année au LCP

 

La danse pour inclure toutes les différences

Le 4 avril dernier, une performance est annoncée dans le hall du LCP. La Troupe, constituée de personnes porteuses de handicap et de personnes valides, dont trois collégiennes, va danser. Dès 11h30, des étudiants et des professeurs commencent à se rassembler et à essayer d’avoir des infos, tandis que d’autres tracent leur chemin. Le projet Qui Suis-Je? est né dans les ateliers de danse donnés par Audrey Bestenheider Crettaz à l’Association ASA-Valais à Sion. Ces ateliers ont fait apparaître le désir des danseurs et danseuses de créer un spectacle et c’est dans ce contexte qu’est née La Troupe. Particularité de ce spectacle, il est modulable et itinérant. Grâce à Françoise Albelda, professeure au LCP et musicienne du collectif, et Audrey Bestenheider Crettaz, chorégraphe, une partie de La Troupe a intégré pour cette performance Roxane, Estelle et Thérèse, toutes trois collégiennes en 5e année. Pour s’y préparer, les répétitions se sont déroulées sous la forme de trois ateliers de 2 heures chacun. Yannaëlle, membre de La Troupe, est heureuse de ces occasions de mise en lumière: «J’adore danser en groupe et là c’était de la danse contemporaine.» Quant à Thérèse, étudiante au LCP, elle a aussi beaucoup aimé ce moment de partage: «C’était motivant de vivre ce projet différent avec mes deux amies, d’autant plus qu’il y avait une bonne énergie dans le groupe où régnait la bienveillance.» Et elle ajoute: «Dès les premières minutes de la première répétition, j’ai totalement oublié les situations de handicap et nos différences, car j’ai vite ressenti que nous étions à égalité pour exprimer nos émotions à travers la danse.» Elle précise qu’avec son amie Roxane, elles avaient déjà participé à des activités avec des personnes en situation de handicap mental à la Fovahm.

 

performance LCP

Douceur et inclusion

 

A la question de savoir pourquoi elles étaient les seules collégiennes à avoir franchi le pas pour oser danser dans ce collectif, Thérèse suppose que les autres ont peut-être craint la rencontre avec la différence ou n’ont pas eu le courage de s’exposer face à un public. Reste que les spectateurs ont aussi vécu et ressenti de multiples émotions. Tous les étudiants avaient été informés d’une performance à découvrir sans davantage d’explications pour laisser l’effet de surprise opérer. De l’autre côté du miroir, la magie était là. De l’avis du recteur Francis Rossier, il est important de pouvoir offrir aux jeunes de tels instants de partage et de lenteur, encore plus aujourd’hui qu’hier. Et il souligne que si de tels événements au LCP sont possibles, c’est grâce à la formidable équipe de professeurs qui l’entoure et dont les talents sont multiples.

«J’ai vite ressenti que nous étions à égalité pour exprimer nos émotions à travers la danse.»
Thérèse, étudiante en 5e année au LCP

 performance LCP1

Toujours en prolongement de l’Action de Noël, les camps organisés pour les personnes en situation de handicap seront encore présentés aux étudiants, de façon à en inciter quelques-uns à s’engager bénévolement dans cet accompagnement associatif.

Nadia Revaz

 


Cerebral Valais
Pour marquer le 60e anniversaire de l’Association Cerebral Valais, les membres rencontrent la population valaisanne, dont les jeunes dans les écoles.

Rafroball
Après quelques années de pratique et deux tournois organisés (1996-1997), le règlement officiel a été édité pour la première fois en 1999, puis en 2001. La dernière mise à jour date d’octobre 2018.


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