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Le Foyer des étudiants «Les Creusets», une affaire de famille

Le Foyer des étudiants «Les Creusets», situé juste à côté du Lycée-Collège éponyme (LCC), est un demi-pensionnat à midi pour les jeunes fréquentant le LCC et propose des chambres pour les étudiants majeurs de la formation tertiaire.

 

Oriane et ses parents Anne et Marco Mayoraz

 

Oriane Mayoraz reprend le flambeau du Foyer, tout en bénéficiant de l’expérience de ses parents Anne et Marco Mayoraz qui ont œuvré en couple en tant que responsables du lieu pendant 28 ans. Anne continue à travailler à 20% pour épauler sa fille, et son mari Marco, tout en étant désormais retraité, reste en appui pour le coaching. Une transition qui a démarré en douceur dès janvier 2023, avec aussi une transmission du lieu de vie à l’intérieur du Foyer.

Maison diocésaine

L’histoire du Foyer des étudiants «Les Creusets» remonte à 1979, sous l’impulsion de Mgr Henri Schwery et avec une architecture signée Ami Delaloye. «Avec l’Abbé Michel Maret, qui représentait la formation pour la construction, ils furent visionnaires, en imaginant, ce qui n’était pas habituel pour l’époque, des chambres individuelles incluant un espace avec douche, WC, lavabo et une grande salle pour les repas», relève Marco Mayoraz. En 1995, avec sa femme Anne ils sont appelés pour succéder à Hans et Marianne Gisler. Comme Anne et Marco Mayoraz souhaitaient se mettre au service du diocèse, ils ont d’abord dit oui pour une année.

Revenons sur le parcours du couple. Parents de quatre enfants, ils ont accompagné nombre de jeunes, car le Foyer, c’est avant tout un lieu de vie. Avec une formation en théologie, Marco Mayoraz a enseigné à temps partiel, d’abord à l’Ecole de commerce de Sion puis au Lycée-Collège des Creusets, ce qui lui a permis de créer plus facilement des ponts entre école et famille. Quant à sa femme, ayant également enseigné, elle s’est souvent appuyée sur son cursus en pédagogie curative pour gérer cet engagement aux allures de vocation. «Pour tout ce qui concerne le management, l’hôtellerie, la gestion du personnel, des stocks, des salaires et des assurances sociales, nous avons appris notre métier au fur et à mesure», souligne Anne Mayoraz. Et elle poursuit: «Selon les situations, j’ai joué le rôle de maman de semaine ou d’infirmière.» Son mari complète: «Et moi, j’étais le papa ou le bricoleur devenant parfois le confident.» Autant dire que leurs tâches ont toujours dépassé leur cahier des charges, ayant mis tout leur cœur et toute leur âme dans cette mission auprès des jeunes, ne se limitant pas à leur servir des repas et à les loger. En près de trois décennies, ils ont vu les mues de la jeunesse et pour eux le plus grand bouleversement à la fois très enthousiasmant et très inquiétant est associé au téléphone portable qui a modifié la communication et la relation aux autres. Ils observent aussi une évolution liée au Covid, avec un avant et un après très clairement identifié.

La trajectoire professionnelle d’Oriane Mayoraz ne la prédestinait pas à la reprise du Foyer. Thérapeute avec plusieurs expériences professionnelles, notamment à l’Hôpital de Sion et à la Fondation Domus, la jeune femme a ensuite été entrepreneure. Lors de la diffusion de l’annonce pour ce poste, elle a soudain songé que reprendre cette responsabilité pourrait être une éventualité, ce qu’elle n’aurait jamais envisagé sans le repositionnement du Foyer pour la partie hébergement. «J’ai préparé mon dossier et je l’ai déposé auprès du président du conseil de fondation sans le dire à mes parents pour ne pas les inquiéter si ma candidature n’était pas retenue et pour qu’ils ne tentent pas d’intervenir dans la prise de décision», confie-t-elle. Elle est heureuse de ce changement de vie, suivant en parallèle un MAS en management de stratégie par la qualité.

 

famille Mayoraz foyer Creusets2

Le trio Mayoraz autour d’un des baby-foot tant appréciés par les jeunes

 

S’adapter constamment

Le Foyer a toujours suivi les changements sociétaux, devenus de plus en plus brusques et imprévisibles. Aujourd’hui, le lieu n’accueille que des pensionnaires majeurs, alors qu’il y a quelques années c’était encore là que nombre de collégiens vivaient pendant les périodes scolaires, ce qui nécessitait un accompagnement d’adolescents au quotidien. «Avec l’arrivée des Rail-Checks, l’amélioration du réseau des transports publics et la baisse de la population dans les vallées latérales, les collégiens ont déserté les chambres», constate le trio familial. N’étant pas du genre à baisser les bras, ils ont cherché et ce «ils» englobe les parents et leurs quatre enfants, comment donner un nouveau souffle aux possibilités d’hébergement du lieu. Les chambres individuelles sont désormais louées à des étudiants qui fréquentent une haute école (EPFL, HES, HEMU).

Le demi-pensionnat accueille les étudiants du Collège des Creusets pour le repas de midi ainsi que quelques élèves du CPS dans une démarche d’intégration deux jours par semaine. Il a fallu s’adapter à l’évolution démographique, avec aujourd’hui plus de 800 inscrits qui peuvent se désister avant 8h du matin. Avec le souci de concocter une cuisine saine, les menus variés sont composés sur une grille de 11 semaines avec l’aide de Laurence Bridel, diététicienne diplômée, et sont aussi pensés pour ceux qui mangent végétarien, sans gluten, sans lactose ou sans porc. Hormis les desserts qui sont rationnés pour leur santé, les jeunes peuvent se servir à volonté au buffet ou opter pour une demi-portion. «En cuisine, le personnel s’amuse en voyant que des légumes, comme les brocolis, sont boudés par certains qui se décident à les goûter puis finissent par les apprécier», raconte Anne Mayoraz.

«C’est touchant de voir que des étudiants
considèrent le Foyer comme leur foyer du temps de midi.»
Oriane Mayoraz

Depuis cette année, pour donner plus d’autonomie aux jeunes ainsi qu’à leurs parents tout en les responsabilisant, les inscriptions selon les jours de présence et les modifications au niveau des absences se font via une application. Pour Oriane Mayoraz, il est important de faire prendre conscience aux jeunes de la nécessité d’être cohérent entre le discours et les actes concernant l’impact que le gaspillage alimentaire peut avoir sur la Planète.

«L’année passée, j’ai effectué un sondage et mené des entretiens avec les jeunes, de façon à coller au maximum à leurs attentes, ce qui nous a permis de constater que le plus important pour eux, c’est l’accueil, considérant le Foyer comme une soupape, avec son espace de loisirs, au milieu de leurs journées au cours desquelles ils sont toujours concentrés et parfois stressés», explique Oriane Mayoraz. Et elle ajoute: «C’est touchant de voir que des étudiants considèrent le Foyer comme leur foyer du temps de midi et pour exemple hier une jeune fille se sentant en grande insécurité à l’école est venue se confier à nous pour trouver des paroles rassurantes afin de savoir avec qui prendre contact.» Dans la lignée familiale, la jeune femme souhaite conserver cette proximité relationnelle avec les jeunes, en étant une figure apaisante. Ce nouveau défi, qui implique assurément un investissement personnel au-delà des tâches de gestion et de management, ne l’effraie pas. «Je pense que ma formation et mon expérience professionnelle de thérapeute me seront utiles pour être dans la juste distance avec les jeunes», analyse Oriane Mayoraz. «C’est une chance de pouvoir compter sur une équipe en or qui se sent au service des étudiants ainsi que sur un conseil de fondation qui est disponible pour que la transition se déroule dans les meilleures conditions possibles», s’enthousiasme-t-elle, faisant par ailleurs l’éloge de ses parents pour leur esprit innovant, également sur le plan technologique. Comparant l’entreprise à un microcosme de la société avec différents rouages, Marco et Anne Mayoraz vantent le profil international de leur personnel en partie issu de la migration et sont fiers d’avoir donné la chance à des personnes qui ne parlaient pas bien le français ou avaient de gros soucis financiers ainsi qu’à des jeunes de la Fovahm et de l’Orif pour une première expérience professionnelle. Avec Oriane, l’histoire du Foyer avec la famille Mayoraz se poursuite dans le changement et la continuité…

Nadia Revaz


Le site du Foyer


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