Des histoires pour mieux comprendre les difficultés des élèves
Quatre petits ouvrages produits par la HEP-VS visant à aider les élèves des cycles 1 et 2 à mieux comprendre et gérer les difficultés et les troubles du comportement pouvant être rencontrés en classe viennent d’être publiés (cf. encadré pour les modalités de commandes).
Ces mini-récits s’adressent directement aux enfants, qu’ils soient ou non concernés par ces difficultés, indirectement aux familles et évidemment aussi aux enseignants des classes ordinaires qui pourront les lire en classe ou les faire lire selon l’âge des élèves. Composés d’histoires et d’activités, d’énigmes ou de ressources complémentaires, ils ont été élaborés par des étudiants de la Haute école pédagogique du Valais, devenus depuis enseignants, dans le cadre d’un cours sur les notions de base en pédagogie spécialisée dispensé par Isabelle Bétrisey, au double parcours d’enseignante et de psychologue.
Dans la démarche, ces documents, sous licence Creative Commons CC-BY-NC-SA, font suite aux huit Mémos pour gérer les difficultés des élèves à l’école ordinaire. Rencontre avec Isabelle Bétrisey et sa fille Zoé Maire qui a joué le rôle de relectrice des épreuves, en livrant son point de vue d’élève, alors qu’elle était en 8H, sur ces courts récits et les pistes suggérées. En 9CO lors de l’échange, elle ajoute à son regard d’alors celui d’aujourd’hui, avec une sacrée dose de maturité.
«Parmi la quinzaine d’ouvrages qui étaient en chantier,
quatre ont été sélectionnés pour être publiés.»
Isabelle Bétrisey
Pour Isabelle Bétrisey, l’objectif prioritaire de ces petits livres est d’aider les élèves en difficulté et permettre à leurs camarades de mieux comprendre les obstacles aux apprentissages. «Parmi la quinzaine d’ouvrages qui étaient en chantier, quatre ont été sélectionnés pour être publiés», explique-t-elle. Et d’ajouter: «Le processus de finalisation comprenait la relecture critique par un comité scientifique ainsi que celle de ma fille, sachant qu’elle aurait osé me dire si elle n’avait pas apprécié ces livres ou qu’ils étaient inadaptés à son âge.» La directrice du projet souligne que dans son idéal elle aurait souhaité avoir recours à un illustrateur professionnel, afin que la ligne graphique soit autant aboutie que celle des Mémos, mais même si cela constitue à ses yeux un léger bémol, elle est très fière du résultat dans son ensemble.
Zoé a fait part de ses commentaires sur les quatre livres, dont certains ont été pris en compte, par exemple à propos de certaines consignes pouvant déstabiliser les élèves anxieux ou d’erreurs de pagination dans les défis. «Comme j’adore lire, j’étais contente que ma maman me propose de découvrir ces textes en servant de cobaye», s’enthousiasme-t-elle. Et elle poursuit, précisant avoir lu chacun des quatre livres au moins deux fois: «Tous expliquent très bien certaines difficultés des élèves, en proposant des activités, des défis et des astuces, et c’est intéressant de pouvoir par exemple se mettre dans la peau d’un dyslexique en découvrant comment il voit les mots écrits.» Ces lectures lui ont permis de mieux comprendre un camarade ayant un trouble du spectre autistique et d’apprendre à être personnellement un peu moins anxieuse dans certaines situations. «Stressant parfois pour rien, j’ai pu vérifier que certaines astuces dans Stormi le petit nuage, comme s’imaginer souffler sur un pissenlit en respirant profondément ou passer de l’état de caillou à celui de chewing-gum en contractant et en décontractant ses muscles, marchent vraiment, donc je continue à les utiliser et il m’arrive de les partager avec des amis angoissés pour les examens», confie-t-elle. Avec ses propos, elle confirme que ces entrées par les troubles tendent à aller vers une conception universelle des apprentissages. Pendant qu’Isabelle Bétrisey présente les cartes à découper pour jouer en famille dans Stormi le petit nuage, sa fille vérifie que l’erreur signalée au niveau de la mise en page a bien été rectifiée. Actuellement au début du cycle 3, Zoé est d’avis que ces livres peuvent tout à fait correspondre à la 9CO, ce que sa maman n’avait pas envisagé.
«J’ai pu vérifier que certaines astuces marchent vraiment.»
Zoé, fille d’Isabelle Bétrisey
Arrivée au terme du projet de recherche Ensemble, on est plus fort et avec d’autres dossiers à mener, Isabelle Bétrisey passe le relais à Jérôme Rime, puisque c’est désormais lui qui donne le cours sur les notions de base en pédagogie spécialisée à la HEP-VS. Sous sa conduite, d’autres projets fleuriront assurément. A suivre donc et sachez que les suggestions en fonction des besoins du terrain sont toujours les bienvenues du côté de la HEP-VS.
Nadia Revaz