Regard d’Ursina Balmer, médiatrice culturelle aux Musées cantonaux
Ursina Balmer est médiatrice culturelle aux Musées cantonaux, à savoir au Musée d’art, au Musée d’histoire ainsi qu’au Musée de la nature.
Avec un parcours antérieur d’enseignante, Ursina Balmer est tout particulièrement sensible à la dimension transversale et interdisciplinaire à transmettre lors des visites de classe, insistant dans le même temps sur l’ajout de la touche de médiation qui donne des clés différentes pour la relation à l’œuvre ou à l’objet. Pour celle qui fourmille d’idées pour tisser des liens entre l’école et les musées, le travail des enseignants et des médiateurs est donc idéalement complémentaire.
Ursina Balmer participe au développement de l’offre de médiation pensée spécifiquement pour les écoles, et est ainsi à l’initiative de l’ajout d’une activité bilingue pour enrichir la palette des possibles.
«Le potentiel pédagogique des musées est infini.»
Ursina Balmer
INTERVIEW
Quel conseil donneriez-vous aux enseignants pour une visite aux Musées réussie?
L’important avant la visite, c’est que l’enseignant définisse clairement l’objectif de la sortie, et qu’il le communique de manière transparente aux élèves. Cette visée, nous devons aussi la connaître pour pouvoir adapter au mieux notre accompagnement. Si le but est récréatif, ce qui est le cas lors d’une promenade scolaire, nous pourrions répartir les élèves en plusieurs équipes pour organiser une chasse au trésor, toujours appréciée pour son côté ludique, alors que s’il s’agit de prolonger une thématique déjà travaillée en classe, une autre démarche incitant à un questionnement plus en profondeur serait plus appropriée. Lorsque l’interrogation est globale, relative par exemple au développement durable, l’approche pourrait alors être interdisciplinaire entre les trois Musées qui ont néanmoins une identité patrimoniale commune. Cette discussion préalable entre les enseignants et la médiation est la garantie d’une plus grande satisfaction pour les uns et les autres après la visite.
Dans le cadre de la visite non récréative, faut-il absolument la relier au Plan d’études romand ou au Lerhnplan?
De manière consciente, à mon sens ce n’est pas une obligation, sachant que les élèves exerceront de toute façon certaines compétences disciplinaires ou transversales. La sortie hors des murs de l’école, qui peut se faire à toutes les périodes de l’année scolaire, est avant tout l’occasion de voir que dans un musée on peut apprendre autrement, par une autre forme d’expérimentation du savoir, et selon un modèle plus participatif. C’est aussi un lieu idéal pour acquérir des compétences sociales, puisqu’il s’agit de comprendre la notion de respect des œuvres ou des objets, mais aussi des autres visiteurs, les élèves devant partager l’espace avec d’autres publics. Dans le cadre des activités organisées par la médiation, le travail en groupe est fréquent, puisque celles-ci demandent souvent de la collaboration. Le potentiel pédagogique des musées est infini et offre de multiples possibilités de mise en contexte et en relation, tout en invitant les élèves au sens de la responsabilité envers le patrimoine, qu’il soit historique, culturel ou naturel. Dans une salle de musée, l’élève peut décrire ce qu’il voit, en français ou dans une autre langue, le dessiner, le mesurer, s’en inspirer pour créer, etc. Par ailleurs, l’espace muséal ouvre au développement d’une compétence très personnelle particulièrement précieuse, à savoir mieux comprendre sa propre relation au passé, à l’art, à la matérialité, à la beauté, à la technique, à son environnement, etc.
Pendant la visite, quelle est l’attitude attendue de la part de l’enseignant?
Selon la taille des groupes, par rapport au lieu, il peut arriver que l’enseignant doive s’occuper d’une équipe, mais là encore tout est plus simple si cela a été défini en amont. Ce qui est évidemment souhaitable pendant la visite, c’est que l’enseignant manifeste son intérêt pour les objets ou les œuvres exposées, car autrement les élèves auront une curiosité diminuée, ce qui serait dommage.
Des activités sont-elles proposées à tous les degrés de la scolarité?
Nous avons un catalogue d’activités qui vient d’être mis en ligne avec des suggestions pour les différents degrés de la scolarité obligatoire, toutefois nous pouvons proposer des visites personnalisées en collaboration avec les enseignants. Il arrive par exemple que des professeurs du secondaire II nous sollicitent pour prévoir une découverte du Musée d’art en lien avec un peintre ou un groupe de peintres, par exemple l’école de Savièse, de façon à compléter ce qu’ils ont abordé ou vont aborder en classe. De même, le caisson de fouilles archéologiques, prévu au cycle 2, peut très bien convenir pour des élèves du CO, moyennant une autre accroche.
En quoi consiste la nouvelle activité bilingue prévue pour les classes?
L’objectif, c’est de permettre aux élèves d’avoir un échange animé, dans les deux langues, autour de ce qui est présenté dans les Musées cantonaux ou sur le site historique. Cette nouvelle activité a été conçue en collaboration avec le Bureau cantonal des échanges linguistiques et nous allons la tester dans un premier temps auprès des 7-8H. Je me réjouis de voir si les activités imaginées, articulées autour d’une recherche d’objets à partir de critères amusants, vont plaire aux élèves qui seront en tandem bilingue.
Propos recueillis par Nadia Revaz
L’offre catalogue avec des propositions d’activités
- Wouah! pour les 5-8H au Musée d’art
- Jette un œil à l’horizon pour les 1-4H au Musée d’art
- De la fouille au musée pour les 5-8H au Musée d’histoire
- T’as le look… gothique pour les 7-8H et les 9-11CO au Musée d’histoire
- Une vie de castor pour les 3-6H au Musée de la nature
- Montre-moi tes dents… pour les 6-8H au Musée de la nature
- Chouette, un hibou! pour les 5-8H au Musée de la nature
- Zämu-Ensemble pour les 7-8H dans les Musées cantonaux (deux classes divisées en trois groupes)