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Charline Bachelard, stagiaire CPS en classe d’adaptation à Sion

 Engagée par le CPS (Centre pédagogique spécialisé) de Sion, Charline Bachelard est stagiaire pour cette année scolaire dans la classe d’adaptation de Natacha Lerjen au CO de Saint-Guérin à Sion. Elève à l’ECCG de Martigny, en filière culture générale, elle effectue son année de maturité spécialisée en option «social» sous la forme de 40 semaines de stages.



Charline Bachelard
Charline Bachelard, stagiaire CPS en classe d’adaptation à Sion

Après avoir été élève à l’école primaire de Sembrancher, Charline Bachelard a suivi son CO à Orsières. Quand il a fallu commencer à construire son projet d’orientation, elle a choisi sans hésitation le domaine du social, ayant toujours aimé apporter son aide et étant très sensible à l’égalité des chances, mais sans savoir précisément quel métier lui correspondrait le mieux. Elle a d’abord cherché une place d’apprentissage d’assistante socio-éducative. N’étant pas parvenue à concrétiser ce projet, elle s’est inscrite à l’ECCG. Après un stage dans le secteur de la petite enfance, elle en a conclu que ce n’était pas totalement ce qu’elle voulait. Elle a alors effectué un stage à l’école primaire de son enfance, réalisant ainsi qu’elle se sentait plus à l’aise dans l’univers scolaire. L’année suivante, elle a opté pour un stage en lien avec l’enseignement spécialisé dans son ancien CO et là elle a encore plus apprécié.

INTERVIEW

De quelle manière avez-vous trouvé cette place de stage?
J’ai spontanément postulé à plusieurs endroits, dont à l’école de la Bruyère où se trouve le CPS de Sion. Après une journée de stage dans une classe de cette école avec des élèves ayant des handicaps, des troubles et des difficultés, on m’a proposé d’être stagiaire dans cette classe d’adaptation.

Comment vivez-vous les premiers mois dans cette activité?
J’ai le sourire dès que je parle de mon travail, même si je n’arrive pas forcément à mettre en mots pourquoi je ressens autant d’émotions. Je n’ai jamais été aussi contente de me lever le matin pour venir en classe. La journée, les élèves me transmettent leur énergie, mais le soir j’ai besoin de récupérer, parce que le travail n’est pas de tout repos, de 8h à 16h30.

Je suppose que l’adaptation n’a pas été immédiate. Avez-vous vécu des moments plus difficiles au début?
Quand on m’a dit que je serais dans une «classe ada» au CO, je n’arrivais pas à imaginer à quoi cela ressemblerait, car dans celui où j’étais il y avait seulement des élèves encadrés individuellement par le CPS. Natacha Lerjen m’a ensuite contactée, m’expliquant qu’elle avait huit élèves avec des besoins très particuliers. En arrivant, je ne connaissais ni l’endroit, ni l’enseignante, ni les élèves, ni le fonctionnement de la classe et j’ai évidemment vécu quelques jours de totale découverte. Cependant, très vite, je me suis sentie bien dans cette classe et j’ai su que j’allais adorer cette année de stage.

Comment définiriez-vous votre rôle de stagiaire CPS?
Je suis là pour donner des coups de main à Natacha et être présente auprès des élèves afin de répondre à leurs besoins. Comme je n’ai pas ses compétences professionnelles, mon rôle consiste à être en appui, mais j’apprends beaucoup. Pendant les cours d’AC&M, je travaille avec une autre enseignante en apportant certaines idées au niveau de la créativité.

«Très vite, je me suis sentie bien dans cette classe et j’ai su que j’allais adorer cette année de stage
Charline Bachelard


Prendre en compte le rythme de chaque jeune, est-ce compliqué?
Non, pour moi ça ne l’est pas. Cependant, au début j’avais un peu trop tendance à vouloir faire à leur place, non pas parce que je trouvais qu’ils étaient trop lents, mais pour les aider tout simplement. En cuisine, je vois combien en prenant le temps d’expliquer et de montrer juste une fois pour qu’ils aient un exemple, ils arrivent à gérer tout seuls. Ils ont les capacités de progresser, mais à chaque fois il faut trouver le bon chemin et toujours s’appuyer sur leurs forces. Parfois, j’essaie de leur expliquer de plusieurs façons différentes et ce n’est toujours pas la bonne technique. Il faut chercher, chercher et chercher encore jusqu’à trouver ce qui marche avec chacun d’eux. Cela demande de l’énergie et en même temps c’est passionnant. En dehors de l’école, si je vois passer sur internet une idée de piste pédagogique, je la note.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus en travaillant dans cette classe?
Les huit élèves, dont certains ont passé plusieurs années ensemble, sont très soudés et solidaires. Le relationnel est peut-être un peu différent parce que c’est un petit effectif, mais j’ai l’impression que cela tient surtout à leurs personnalités. C’est vraiment une belle classe. Nous devrions tous être comme les huit élèves de cette classe d’adaptation, c’est-à-dire ne jamais juger les différences des autres.

Le travail s’effectue-t-il beaucoup en groupe et en projet?
Natacha aime travailler en projet, ce qui plaît énormément aux élèves. Actuellement, avec une classe du CO des Collines, elle a mis sur pied une collaboration pour présenter des histoires avant Noël à des plus petits, et ce lien avec l’école ordinaire est important. Souvent, elle divise la classe en deux groupes. Elle s’occupe d’une équipe pour introduire de nouveaux apprentissages et moi de l’autre pour répéter.


Charline Bachelard classe
Des élèves concentrés avec Natacha Lerjen (à gauche) et Charline Bachelard (en haut à droite)

 

En trois mots, comment définiriez-vous les objectifs prioritaires de cette classe?
L’objectif premier, comme le répète régulièrement Natacha, c’est d’autonomiser le plus possible les élèves. C’est être là, en les incitant à prendre de l’autonomie, tout en ayant bien sûr conscience de certaines de leurs limites. Le deuxième pourrait être la bienveillance, même si cela me paraît une évidence, tout comme le fait d’être à l’écoute. Pour le troisième, je dirais la différenciation, car il s’agit de s’adapter au rythme et aux manières d’apprendre de chacun.

Après quelques mois d’expérience dans cette classe d’adaptation, estimez-vous que l’école dite ordinaire pourrait venir y puiser des pistes?
C’est une évidence. Quand j’explique le fonctionnement de cette «classe ada» à mon entourage, souvent je dis que je ne comprends pas pourquoi on ne pioche pas des idées pour les généraliser dans toutes les écoles ordinaires, car cela aiderait assurément certains élèves en difficulté. Par exemple, pour le cours de cuisine du lundi, on les accompagne au magasin le vendredi précédent et ils doivent apprendre à faire les courses, de façon à bien lire les étiquettes et à acheter des produits frais dans des quantités adaptées à la recette prévue. Je suis convaincue que ce serait une démarche intéressante pour tous les élèves, car la réalisation d’un plat ne commence pas en cuisine. Au niveau plus directement scolaire, les élèves des classes d’adaptation ont passablement de matériel visuel, avec quantité de pictogrammes avec ou sans mots, qui aident à comprendre et à apprendre. En classe ordinaire, les cours sont à mon sens trop basés sur la mémoire auditive, avec très peu de supports visuels sauf quelques schémas, alors qu’une consigne illustrée peut tout changer.

Avez-vous déjà des projets pour votre avenir professionnel?
Après la matu, j’envisage d’effectuer trois ans de HES à Sierre dans la filière Travail social. Il est possible que je prolonge cette formation d’éducatrice sociale pendant quelques années pour devenir enseignante spécialisée et faire le même travail que Natacha. Toutefois, comme je me verrais également bien dans des foyers qui accueillent les enfants, je ne sais pas avec certitude quelle sera la suite de mon parcours.

 

Propos recueillis par Nadia Revaz


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