Diref 2030: des directeurs imaginent l’école à l’horizon 2030
Lors du Diref 2030 organisé par Gérard Aymon, Olivier Perrenoud et Anne-Françoise Martinon grâce au partenariat entre le pôle de compétences LEAD spécifiquement dédié aux cadres de l’enseignement et de la formation, la HEP Vaud et la HEP Valais, plus de 80 directrices, directeurs, adjointes, adjoints, doyennes et doyens, en provenance de plusieurs cantons romands, ont imaginé l’école à l’horizon 2030.
L’équipe du Lab C.I.T.É. (Créativité, innovation, transformations en éducation) de la HEP valaisanne a animé les ateliers créatifs en jouant dans chacun des groupes le rôle de facilitatrice ou de facilitateur pour l’émergence des idées. Quant à la fondation Mercator, elle a soutenu financièrement cet événement qui s’est déroulé à Martigny le 3 mai dernier. D’autres rencontres sont d’ores et déjà prévues.
La matinée a permis d’envisager l’école en 2050, puis l’après-midi a servi à opérer un resserrement sur 2030, avant une activité liée à la rentrée scolaire prochaine. Réflexion et créativité ont été au cœur de cet exercice de projection visant à définir les compétences et formations à envisager pour préparer les directions d’établissement à l’évolution de leur mission, en lien avec les changements sociétaux et scolaires. Comme le souligne Amalia Terzidis, responsable du Lab C.I.T.É., il s’agissait d’ouvrir le champ des possibles en démarrant la journée avec des activités de pensée divergente.
Un mur des challenges bien rempli
Comment imaginez-vous l’école en 2050 dans le rôle d’un acteur ou partenaire scolaire? Les participants ont d’abord spontanémnt indiqué ce qu’ils souhaitaient pour cette rentrée futuriste. Pour exemple, Patrice Moret, directeur des écoles primaires de Martigny, a écrit: «Le lien enseignant-élève reste au cœur des apprentissages en dépit/malgré l’omniprésence du numérique.» Les participants ont ensuite rempli d’intentions colorées le mur des challenges. En vrac, dans les différents groupes, il a été question de temps supplémentaires pour se former, collaborer et se ressourcer, d’espaces décloisonnés, de valeurs à affirmer ou d’accompagnement à envisager.
Gérard Aymon lors du mot de bienvenue
Quels seront les défis des directeurs d’établissement en 2030? A la suite d’une présentation de quelques projets liés au développement des écoles soutenus par la fondation Mercator et le visionnage d’extraits d’une vidéo évoquant l’école dirigée par Ugo Cavenaghi au Québec, les différentes activités menées en équipe ont conduit à la réalisation de fleurs, avec des pétales ou compétences à développer et des épines ou obstacles à éviter. Des termes voisins se retrouvent d’un panneau à l’autre. Selon les groupes, il est ainsi question d’agilité, de flexibilité ou d’adaptabilité. Parmi les freins, on retrouve l’inertie, le manque de temps et d’argent.
Au terme de cette journée, quelques constantes dans les attentes pour demain apparaissent. On découvre l’envie d’une école plus décloisonnée et plus perméable au monde qui l’entoure, le désir d’un accent mis sur le bien-être, le besoin de collaborer et d’échanger, le souhait d’une approche centrée sur les utilisateurs et donc plus flexible, l’urgence de prendre le temps et la priorité à accorder à l’«empowerment» ou l’autonomisation. Dans le nuage de mots, outre ces idées, on pourrait encore citer la nécessité d’une vision commune, la recherche de solutions innovantes et créatives, l’attention portée à l’humain, etc. Comme le résume Jocelyne Monnet, directrice de l’école primaire d’Ardon, «c’est étonnant de voir combien les réflexions menées dans chacun des groupes avaient en commun, tant au niveau des besoins que des barrières». Pour la suite, certains participants évoquent l’échange de bonnes pratiques, l’implication des politiques dans cette réflexion amorcée, la mise sur pied de formations allant dans la direction dessinée, etc. Alain Wirthner, directeur du CO des Collines, retient le terme de «stages de survie en classe» et inviterait volontiers des hommes et des femmes politiques à tenter l’expérience. Son collègue François Pitteloud, directeur du CO de Saint-Guérin, estime que «l’urgence de la réflexion pour amorcer le changement doit concerner le développement des compétences de créativité et d’innovation.» A noter que les CO régionaux de Sion ont déjà recouru aux services d’Amalia Terzidis pour apprendre à réfléchir ensemble.
S’écrire à soi-même après une journée de réflexion pour un envoi différé
La journée s’est terminée avec une conclusion incitant à oser l’expérimentation, une évaluation de son contenu et les remerciements de Peter Summermatter, adjoint à la direction de la HEP-VS. Les violons étant accordés, vivement la deuxième rencontre.
Nadia Revaz
Fabrice Sourget, directeur du Cercle scolaire de Val-de-Ruz dans le canton de Neuchâtel:
«C’est réjouissant d’élargir la réflexion et de constater que d’autres directions romandes souhaitent aller dans le même sens. Pour transformer l’école, il s’agira d’opérationnaliser les idées issues de ce grand brainstorming.»
Jocelyne Monnet, directrice de l’école primaire d’Ardon:
«Cela serait bien d’inviter des politiciens pour assister à nos réflexions, afin qu’ils puissent mieux se rendre compte de notre réalité actuelle. Peut-être devrions-nous réorganiser une Balade des savoirs pour donner de la visibilité à nos écoles…»
François Pitteloud, directeur du CO des Collines à Sion:
«C’est intéressant de pouvoir prendre du recul, en mettant un instant de côté nos contraintes, et d’échanger en intelligence collective. Nous devrions apprendre à réserver des moments afin de prendre cette hauteur indispensable à la réflexion.»
Alain Wirthner, directeur du CO de Saint-Guérin à Sion:
«J’ai adoré ce temps consacré à émettre des idées utopiques pour rêver l’école autrement, loin de nos ordinateurs et téléphones portables. Cela m’a rassuré de constater que la relation humaine est ressortie de toutes nos discussions.»
Viviane Leupin, cheffe de projets (développement scolaire et culture) à la fondation Mercator à Zurich:
«Pour la fondation Mercator, ce genre d’événements est très enthousiasmant, car notre objectif est d’accompagner le changement et l’innovation dans les écoles, sans imposer de solutions. Notre rôle est de contribuer au dynamisme de la réflexion.»
Vidéo «L’éducation est à réinventer»
Ugo Cavenaghi, président-directeur général du Collège Sainte-Anne au Québec, s’adresse aux parents dont les enfants effectuent leur séance d’admission.